- Driiiiiing -

- Eeeeeh... ?!

Je me réveille en sursaut et en fait basculer ma chaise grâce à qui je tombe en arrière. Je me frotte la tête et, toujours au sol, regarde un peu autour de moi pour essayer de me rappeler où je suis. Il y a eu une sonnerie, on entend les chaises grincer au sol, un brouhaha pas possible venant de la bouche de mes camardes de classe entrain de sortir, le prof qui pour une fois n'est pas entrain de parler... Je pense que le cours de math est enfin fini. Je relève un peu la tête et remarque certaines personnes se retourner puis ricaner. Evidemment ça m'énerve, et la p'tite blonde là devrait vite arrêter de rire en me pointant du doigt ou elle va pas avoir le temps de voir mon poing arriver dans sa figure ! Soudain je sens un courant d'air sur mes cuisses, le haut de mes cuisses...

- Merde !

Je remet ma jupe en place de sorte à ce qu'on ne voit plus mon sous-vêtement et me relève sur le champ, le rouge aux joues. Evidemment il n'en faut pas plus pour que le reste d'élèves commence à glousser, ou même à éclater de rire pour certains, ou certaine. Je prend alors la chaise qui m'a fait tombée et sans prévenir la lance dans la face de la blondinette. Je prends vite mon sac et sort à grands pas de la salle sans m'arrêter, sans un mot, sans un regard. J'entends bien évidemment le prof me rappeler mais je ne réponds pas, ne me retourne pas. Je perçois aussi des « elle est folle cette fille » et d'autres variantes. Je sers les poings avec une envie de les frapper mais me retiens, y'a le prof quand même. Bon c'est vrai qu'il était aussi là quand j'ai balancé la chaise à la gueule de l'autre fille vous allez me dire mais c'est parti tout seul ! Je traverse les couloirs d'un pas rapide, certes je bouscule plusieurs personnes mais ne comptez pas sur moi pour me retourner et m'excuser quand je suis énervée. J'arrive enfin à l'escalier que j'attendais tant. Je gravis les marches, pousse la porte puis laisse mon sac tomber au sol. J'avance un peu, éblouie par la soudaine lumière du soleil j'utilise ma main comme casquette. Je regarde autour de moi et constate avec bonheur qu'il n'y a personne d'autre que moi  sur le lieu. Après tout c'est le début de l'après-midi et ce n'est pas encore la récréation, et il fait assez chaud en ce moment, donc c'était certain que personne ne viendrait sur le toit. J'aurai dû me rendre en salle d'histoire là d'ailleurs, mais si c'est pour me rendormir toute l'heure, autant ne pas y aller. Je m'avance jusqu'aux barrières par dessus lesquelles je laisse pendre mes bras et où je pose le haut de mon corps, mes jambes me retenant encore au sol. Je regarde mes pieds et joue avec le reflet du soleil rayonnant sur mes chaussures noires. Le vent se lève un petit peu et mes cheveux me fouettent doucement le visage. Je me laisse à demi-pendue sur la barrière et rentre le tête pour arrêter d'être embêtée par mes cheveux.

- Fait chaud...

Evidemment comme j'étais en cours j'ai mis mon uniforme, c'est à dire ma robe noire avec ma chemise aux manches longues, sans oublier mes chaussettes et mes chaussures noires également. Je suis une idiote, je devrais penser à adapter mes tenues aux saisons. Surtout qu'en fait, je ne peux pas enlever ma chemise. Enfin, si j'étais toute seule dans ma chambre, oui, je pourrais peut-être le faire, mais là n'importe qui peut débarquer sur le toit, et je n'ai franchement pas envie d'attirer les regards là. Alors que je réfléchis je sens mes paupières se fermer doucement. Le vent est doux et me rafraîchit un peu, donc plus besoin de penser à changer de vêtements pour l'instant. Je m'endors sans m'en apercevoir, toujours là sur cette barrière, juste en face de la porte, à moitié suspendue.

Naoki se reposait tranquillement sur le toit de la cage d’escalier, il aimait bien regarder les nuages défiler, personne n’allait jamais dans ce coin, et c’était assez difficile de monter dur la cage d’escalier du toit aussi. C’était avec un air satisfait de son ascension qu’il faillit s’endormir. Il entendit la porte de l’escalier s’ouvrir pour laisser passer une jeune fille aux longs cheveux noirs. Il la regarda un instant s’approcher de la barrière. Naoki tourna son regard vers les nuages une fois de plus. Elle voulait sans doute profiter du paysage. Certains ont ce genre de loisirs, lui préfère écouter le vent et dormir un peu. Il entend un bruit qui attire son attention et regarde dans la direction d’où il venait.
La jeune fille n’était plus retenue au sol et allait tomber sous peu. Naoki se jeta du toi et manqua de se fouler la cheville, il se dépêcha et la tira vers le toit. Oui, ce n’est pas gracieux mais ça peut sauver une vie. La jeune fille n’était pas lourde mais tomba brusquement sur le jeune homme. Il se frotta la tête et l’éloigna de lui.

Ca va ? Ne te suicide pas ! Tu as toute une vie devant toi !

Il soupira et s’excusa ensuite d’avoir été si brusque, il était inquiet pour elle et ne voulait pas qu’elle meure comme ça. Il fit un petit sourire désolé.

Tu ne t’es pas fait mal ?

Je me réveille brusquement, me sentant soudainement tirée en arrière. Qu'est-ce qu'il se passe ? Le paysage défile vite, en une seconde ma vue passe de la cour en bas au ciel bleu tâché d'un ou deux petits nuages blancs. Je tombe sur quelque chose. Ou quelqu'un, d'après ce que j'entends. Je m'écarte rapidement de la personne, un peu paniquée. Puis reprenant mon calme, je l'écoute et le dévisage un instant. Un garçon. Qu'est-ce qu'il dit ? Me suicider ? Je prends un air surpris en haussant un sourcil.

- Hein ?

Le garçon soupire, s'excuse puis sourit, l'air désolé, me demandant si je ne me suis pas fait mal. Je le regarde un instant en penchant la tête, toujours aussi surprise. Je comprends rien à ce qui s’est passé là. Pourquoi me serais-je fait mal ?

- S'est passé quoi là ? J'me suicide pas ! Qu'est-ce que tu racontes ?

Je l'avoue, ma vie ici n'est pas très intéressante, je pense même que rien ne changerait si je ne faisais plus partie de ce monde, mais c'est pas pour autant que je veux mourir ! Je vois pas de quoi il parle, je sèche, c'est tout, et je roupille un peu, mais à ma connaissance, ce n'est pas mortel.